samedi 5 février 2011

"Sherlock", le remake élémentaire

C'est une première. Et elle surprend encore l'auteur de ces lignes. Aujourd'hui, dans Le Monde de Benny, on va en effet parler série british et, aussi, belle réussite.
Franchement, je ne sais pas si j'aurais regardé la série produite par Steven Moffatt si, le 1er janvier dernier, le site Le Village (le pendant de pErDUSA pour tout ce qui est séries anglaises et françaises) n'avait pas attiré mon attention sur Facebook alors que France 4 allait diffuser le premier épisode le soir-même.
Overdose de réveillons ou spleen de la fin des vacances, toujours est-il que je me suis laissé porter sans trop me poser de questions. Et je ne l'ai pas regretté. En un sens, c'est normal: même si je suis très loin d'être un spécialiste des séries anglaises (mais alors très loin), je savais que Moffatt est un producteur qui compte de l'autre côté de la Manche: j'ai vu Coupling sur Comédie! et ça a suffit pour me convaincre de franchir le pas.


Bienvenue en 2010

Concrètement, Sherlock, c'est une adaptation updated de l'oeuvre de Sir Arthur Conan Doyle. Dans le premier téléfilm, Holmes rencontre Watson dans le Londres des années 2000. Le premier est consultant pour Scotland Yard et tient un blog tandis que le second revient blessé d'Afghanistan.
L'idée, ici, c'est de revisiter une oeuvre phare de la littérature policière en se servant de la modernité du concept pour rappeler... la modernité du récit et des thèmes que portent intrinsèquement, depuis toujours, les aventures de Sherlock Holmes.

L'ère de l'infiniment Holmes

La richesse de cette création, à la base, c'est en effet de mettre en pleine lumière un homme exceptionnel qui évolue dans un univers qui paraît normal (le nôtre) mais dans lequel surviennent des événements tout aussi exceptionnels.
L'intérêt d'inscrire ce récit à notre époque, c'est de reprendre les éléments de base de l'œuvre (une caractérisation très forte et complexe des héros) et d'exploiter leur dynamisme dans un univers où tout va très vite, trop vite parfois.
A l'heure où les autoroutes de l'info n'ont jamais paru aussi fluides, où l'infiniment petit et l'infiniment grand n'ont jamais autant mérité leurs superlatifs, l'appétit de Holmes pour la chose criminelle paraît démesuré. Et le malaise qui est le sien (évoqué par ses problèmes de drogue) n'en est que plus important.


Entre respect et audace
L'intelligence des producteurs de Sherlock, c'est de jouer sur l'énergie de leur narration pour créer des décalages, des respirations humoristiques qui font mouche quasiment à chaque fois. On obtient ainsi un récit survitaminé et très riche, qui rend le héros, campé par le très bon Benedict Cumberbatch, aussi complexe qu'attachant.
En fait, la force de ce Sherlock, c'est que c'est une version 2.0 très écrite (l'idée de rendre visible des mots clefs de l'enquête est une trouvaille assez géniale, dans ce sens). Et que c'est une "adaptation" aussi respectueuse dans l'esprit qu'audacieuse dans sa relecture de Sherlock Holmes.
On voit beaucoup trop peu de remakes américains faire aussi bien. Et c'est dommage.

Bien à vous,
Benny

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