dimanche 16 août 2009

« The Shield », saison 1 : le système Mackey

Los Angeles. District de Farmington. Dans une zone où la sécurité est plus que jamais une préoccupation des médias et des pouvoirs publics, le capitaine David Aceveda fait valoir l’efficacité de ses forces de police au cours d’une conférence de presse. Parallèlement, la caméra suit l’inspecteur Mackey, lancé aux trousses d’un malfrat qu’il parvient à rattrapper puis à humilier.
Bienvenue dans The Shield, un univers où il y a ce que l’on dit, ce que l’on pense et ce que l’on fait…

Vic au centre

On vante très souvent, et à raison, la maîtrise du récit de Shawn Ryan dans cette série policière, cette gigantesque boucle narrative qui trouve sa conclusion 87 épisodes et 7 saisons après avoir été lancée dans le pilote réalisé par Clark Johnson. Mais la première saison de The Shield, ce sont d’abord treize épisodes qui fonctionnent sur une logique à double détente. Présenter Vic Mackey, sa complexité et ses motivations tout en établissant un univers solide autour de lui. Un univers qui, invariablement, renvoie toujours à sa personnalité. Vic Mackey, c’est l’étoile, et Dutch, Claudette, Shane, Aceveda et les autres, ce sont les planètes qui gravitent tout autour de lui. On connaissait le système solaire, avec la première saison de The Shield, on découvre le système Mackey.

Un pourri, made in Farmington

Il y a ainsi ceux qui marchent sur ses pas (Shane, Lemonhead), ceux qui s’inscrivent ouvertement en opposition face à lui mais ne sont pas exempts de reproches (Aceveda, Julian Lowe) et il y a ceux qui s’opposent à lui dans leur façon de procéder (Dutch et Claudette). Mais tous renvoient à lui. Mackey, c’est un homme qui est prêt à faire le sale boulot quand il est confronté aux pires criminels qui soient. Un homme violent mais pas dénué de sentiments, parfois piégé par des aspirations contradictoires. Un flic pourri mais toujours moins que les pires prédateurs qu'il traque. Et juste un peu plus que certains certains flics qui sont dans son entourage (Aceveda, avec ses ambitions politiques, est loin d’être un ange ; Gilroy est une branche pourrie). En tout cas, plus clairement que ceux-là.
Paradoxe : c’est une définition que l’on faisait, toutes proportions gardées, de Jim Profit, sociopathe de la finance au milieu des années 90. Un héros de série (Profit) que le public américain avait rejeté violemment à l’époque de la diffusion du show.
Cette première saison est donc d’abord celle de l’installation de la funeste figure de proue du show. Ce qui ne l’empêche pas de poser de très beaux portraits au second plan, de Claudette à Aceveda.

Dutch, un cerveau chez les prédateurs

Mais ce sont surtout Holland Dutch Wagenbach et Julian Lowe qui ont retenu mon attention. Le premier fait beaucoup penser à Tim Bayliss, l’inspecteur intellectuel de Homicide, de Tom Fontana et Barry Levinson. Une série dont Shawn Ryan reconnaît lui-même l’influence…
Bayliss, Wagenbach : leur intelligence leur vaut les railleries de la brigade mais aussi le respect quand ils parviennent à mettre sous les verrous de redoutables criminels.
Dans un monde en proie à la violence, on sent parfois chez eux le même sentiment : celui d’être un peu dépassé par toutes les horreurs qui les entourent. Les larmes de Dutch, seul dans sa voiture, après avoir mis sous les verrous un vrai prédateur (1.06, Cherrypoppers), en attestent.

Lowe & Order

La description du second met en lumière le poids de la société, de l’éducation et de la religion sur sa vie, notamment lorsque l’on est homosexuel. L’officier Lowe, jeune flic à peine sorti de l’académie, est attiré par les hommes mais refuse de l’assumer. Profondément croyant, il est littéralement déchiré entre deux parts de ce qu’il est. Le tout est présenté de façon sobre mais très forte. A dire vrai, je n’avais pas vu une description aussi forte de ce tiraillement depuis la saison 3 de The Guardian/Le protecteur, avec Simon Baker. Le traitement était alors très différent puisque Jake Straka (Raphael Sbarge) devenait lui carrément violent avec ses amants, pour nier ses aspirations. Mais c’était fort et je conseille à tout le monde de la voir.

En route pour les turbulences

Solidement écrite, nerveuse, superbement filmée (on alterne les plans caméra à l'épaule qui incluent le spectateur dans l’action et les scènes plus « calmes », portées par le dialogue et un montage efficace), cette première saison réussit à poser de solides bases, des personnages clairement définis, pour laisser son récit se développer de manière fluide.
En clair : maintenant que l’on comprend la subtilité du personnage de Mackey, que l’on sait qu’il est tiraillé par de multiples objectifs (mettre hors d’état de nuire les pires salauds, dominer les différents trafics de la ville, protéger ce business et son équipe, préserver sa famille), on peut le mettre face à ses contradictions. Et lâcher Armadillo Quintero dans l’arène...

Bien à vous,
Benny

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